Fenu Paints
As an aside Jade Fenu mentions that the job of the artist is to paint, not to make paintings. It’s an interesting distinction that might not make sense for an artist focused on meticulously recreating a glimpsed scene or producing effective illusion, but Fenu is neither of those. His gestures and process lay front and center, varying from full motion abstractions to figurative narratives set in melting, swirling splattered landscapes. In some the normally all important features of identity such as faces and hands become obscured, consumed by incident of mood and color. In others plants become the powerhouse transmitters of vibrancy and quilts of hues that can barely stay attached to their respective leaf and stem. Underneath these surfaces there’s a tactile explosive jungle of ideas, conflicts and motions struggling to fend off opposing forces, survive and prosper. As Jade suggests the paint and subject seem caught in the act of expression, not yet complete and therefore capable of further mutation and interpretation, still alive becoming rather than dormant and captured, evocations of beginnings or middles with barely a hint of the end game. If you are looking for safe passage to comfort and foregone conclusions, this isn’t the place. If you can live with definitive moves and doubt basting in promise and ambiguity while questions and hints mix with one another side by side, Fenu’s searches on canvas might make an excellent launch pad for headlong dives into something recognizably visceral, open ended and deceptively disquieting.
(from- “Inkwelder Comments”)
Les peintures de Jade Fenu montrent des espaces d’une grande densité de matières et de couleurs, qui renvoient à des milieux à la fois marins, montagneux et teintés de mystères. L’artiste se donne des principes de travail, des contraintes pour ensuite libérer des formes organiques, répondant à un désir de contact avec la nature. Il explore différentes techniques picturales entre spontanéité du geste et composition rigoureuse, afin de dialoguer avec son support. Ses gestes et empreintes composent des mondes où se révèlent la dualité entre homme et nature et un combat entre les éléments. Grâce à sa technique élaborée au fur et à mesure de son exploration picturale vers l’abstraction, il laisse visibles des passages, des liens et partages de chemins entre des individus.
Ses étapes successives effacent et font apparaître des textures, des rochers, des structures ainsi que des formes incongrues qui créent des tensions, des perturbations dans la toile. Des découpes de cavités et de pics s’apparentent à des canyons et à des montagnes. Ces éléments, flottants et tout de même liés entre eux, s’accumulent, se détachent presque du fond, comme s’ils allaient sortir de la peinture. Son geste pictural est à la fois précis et ouvert à des possibilités d’accident. Ses œuvres laissent ainsi deviner des strates de matières, des topographies de paysage, la géologie d’un milieu. Certaines présentent des paysages anthropomorphiques, entre réalité et fiction, telles des métaphores de peurs ou de fantasmes, et suggérant un monde intérieur. Des formes architecturales apparaissent comme des piliers qui rythment ses tableaux tout en laissant perceptible le mouvement des formes.
Des souvenirs de voyages en quête d’une nature encore sauvage apparaissent au fur et à mesure de la contemplation de ses œuvres. Ses toiles à la gamme chromatique de couleurs vives nous invitent à songer à des paysages oniriques. Composées de plans découpés, tels des entrelacs, ses peintures présentent des sortes de tissages et collages de formes, et ressemblent presque à des décors de théâtre. Elles incarnent des étapes d’ascension dans des territoires.
Comment un élément peut-t-il troubler un environnement et provoquer des fractures dans les couches terrestres ? De quelles manières les paysages sont-ils en mouvement ? Ses peintures expriment des phénomènes naturels d’une grande puissance, des interactions entre des forces de la nature tout en convoquant l’influence des constructions humaines sur les écosystèmes. Elles incarnent les cycles de vie, de croissance, de transformation des êtres vivants.
Les œuvres de Jade Fenu provoquent des pertes de repères tout en invitant à découvrir les couches temporelles qui se superposent. Ses toiles proposent une échappée, une exploration tout comme dans un paysage escarpé ou dans un milieu sous-marin et provoquent un basculement vers un ailleurs hors du temps.
Généreuses en matières, couleurs et formes, ses peintures à la fois structurées et déstructurées nécessitent un temps de regard pour les saisir et y découvrir d’autres éléments à chaque contact visuel. Elles témoignent de multiples couches temporelles et révèlent les cycles de la nature.
Pauline Lisowski